La mise en scène

"Bulinge détaille au scalpel aussi la façon dont Rostand, soucieux de la représentation théâtrale, resserre l'original de Gœthe, le découpe en actes, et le tire du côté de Don Juan".

Odile Quirot - Nouvel Observateur

Une mise en scène qui dialogue avec Rostand

Notre metteur en scène a une connaissance intime et profonde du Faust. Spécialiste d’Edmond Rostand, il côtoie l’œuvre de l’auteur de Cyrano de Bergerac depuis plus de dix ans, initiant et participant à la renaissance des études rostandiennes.

La découverte du manuscrit de Faust et sa recomposition, pas à pas, mot à mot, ont permis d’instaurer entre le chercheur et le poète un véritable dialogue.

C’est ce véritable dialogue avec Rostand qui se poursuit et s’instaure dans le travail de mise en scène et la direction des comédiens réunis.

La mise en scène est ainsi le prolongement direct du travail de recomposition du manuscrit.

Philippe Bulinge, par sa connaissance approfondie de l’ensemble de l’œuvre de Rostand se met au service du poète en proposant une mise en scène ambitieuse scénographiquement mais très épurée du point de vue du jeu des comédiens pour laisser les vers de Rostand se faire entendre pour la première fois dans toute leur puissance.

 

Des choix de mise en scène et de scénographie

Il s’agit de mettre en valeur le texte de Rostand tout en recréant un univers merveilleux, sous le signe du surnaturel et de la magie, dont le metteur en scène est le Diable lui-même, Méphistophélès.

Le Faust de Rostand est directement lié à La Dernière Nuit de Don Juan, autre oeuvre posthume de Rostand, où le séducteur, grand seigneur méchant homme de Molière, est à la fin de la pièce transformé en marionnette et le montreur n’est autre que le Diable lui-même. Rostand désirait, en effet, inscrire son Faust dans une trilogie, Faust - Don Juan - Polichinelle.

La scène devient ainsi un théâtre de marionnettes moderne: un plateau vide mais un écran qui diffuse des images de synthèse dans lesquelles vivent deux marionnettes, Faust et Marguerite.

Faust et Marguerite se retrouvent ainsi projetés dans les illusions créées par le Diable, illusions que reproduisent les écrans sur scène : le savant est poussé à faire des choix, il est mis en situation d’exprimer son libre arbitre.

Faust est donc libre de signer un pacte avec le Diable. Il est libre de se lier, il est à chaque fois le maître. Lorsque le Diable lui fait rencontrer Marguerite, il est libre de la perdre ou non.

Le Diable a beau jeu de lui dire alors : «Est-ce moi qui l’ai perdue ou toi ?»

Faust se retrouve donc pieds et poings liés aux... conséquences de ses choix.

 

Deux axes de travail :

Faust est un Don Juan à sa manière : libre de chosir entre le bien et le mal, orgueilleux au point de se mesurer à Dieu et de mépriser le Diable.

Méphistophélès est un Diable - metteur en scène, maître des illusions et... des images de synthèse, guidant un Faust qui se perd tout seul.

 

Compagnie Intersignes - 2016 - http://www.compagnie-intersignes.com